Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/281

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Avec la plus imperturbable sérénité, il reçoit à brûle-pourpoint les coups d’encensoir qu’il se fait casser sur la figure par ses contradicteurs complaisants. Oyez plutôt ce que lui dit Le Gascon dans La Diligence du Havre à Rouen : « Ah ! si jamais Molière s’avisait de ressusciter, il ne serait pas à la noce avec vous ; car malgré que cet auteur est de grand talent, il n’a jamais fait dix-sept pièces de comédie comme vous, en si peu de temps. »

Et Ferrand de répondre : « Mais s’il n’en a pas fait autant, elles sont meilleures. » Cette fécondité est, du reste, son principal titre de gloire : partout il s’en vante, il s’en targue. « Tout cela part de là, » disait-il en frappant sur son crâne difforme, qu’il appelait le bacquet de science, le fameux bacquet de science, qu’il était seul à posséder. « Des pièces, s’écriait-il, mais j’en fais comme de la toile. Jadis, nos grands auteurs étaient six mois avant de finir une pièce, et moi qui en ai fait vingt-trois en quatre ans, je les ai bien surpassés, Ah ! quel dommage que je n’aie