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Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/312

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fer blanc, de médailles trouvées sur le pavé, portant plus de décorations que la Limouzin n’a pu en vendre. Tout harnaché d’ordres et de chamarres, il parcourait les quartiers de la ville, escorté d’une marmaille en délire, sautant et pirouettant, et faisant virevolter au-dessus de sa tête une grosse canne de tambour-major qui ne l’abandonnait jamais. On l’appelait : on lui faisait raconter que Napoleon Ier n’était point mort, ou bien on le faisait chanter sa chanson :

Jean, Jean, Jean, ta femme est-y belle ?
Oui, oui, oui, elle est demoiselle.
Qu’est-ce qu’elle fait ? — Elle fait du ruban
Pour border la culotte à Jean !

qu’il terminait par un cri bizarre « crrrrrizzzzh », lancé dans une grimace.

Vagabondant particulièrement dans le quartier de Cauchoise, où les fabricants de la Côte d’Or l’assistaient de leurs aumônes, Petit-Jean, qui adorait les militaires, paradait souvent en tête de la 4e compagnie de la Garde nationale, dans les revues et les promenades militaires. Petit-Jean habita, pendant une grande partie de sa