Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/350

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sant bien loin derrière lui ses imitateurs rouennais, les Marquis de Bourse-Plate, les Vol-au-Vent, les Frisé-Beau-Poil, les Frise-Poulet. C’était un pître lettré, sachant saisir au vol l’actualité, qu’il traduisait en pochades narquoises et satiriques. Daubant avec pleine licence sur les travers, les modes, les usages et particulièrement le pouvoir, avec une verve grossière mais toujours comique, il confectionne pour ainsi dire sur les planches le feuilleton satirique de la journée, n’épargnant personne. S’il a dans ses productions le ton gausseur du paradiste, s’il possède du banquiste les coqs-à-l’âne, les grivoiseries, parfois même les bons mots obscènes, il aime aussi à faire étalage de l’érudition qu’il a attrappée dans cette demi-instruction que donne la vie de la rue ; comme Bruscambille, il abuse de la citation latine, de ce latin macaronique des Aventures de Michel Morin, mais sans jamais devenir prétentieux et en conservant toujours la gaîté burlesque qui caractérise son talent.

Gringalet s’appelait, de son vrai nom, Jean-Marie Brammerel ; il était