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Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/360

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Jusqu’à sa mort, alors qu’il était couché sur son lit d’hôpital, Gringalet chanta joyeusement : voici même la dernière chanson échappée à sa plume. Elle porte comme titre : Haine aux médecins ou la Colère de Gringalet :

Mon docteur, pour voir ses malades
À cheval et cabriolet ;
En disant que ses camarades
Paieront et voiture et bidet ;
Cet ordonnateur de tisane,
Chez moi, serait reçu très-mal ;
C’est assez de payer un âne,
Sans payer encor le cheval.

Les médecins les moins célèbres
Ont des amis dans tous quartiers ;
Ils en ont aux Pompes funèbres ;
Ils en ont chez les menuisiers.
Ces pourvoyeurs de cimetières
Sont adorés des fossoyeurs,
Et des gentils apothicaires
Ils ne font point couler les pleurs

Aux médecins j’ai confiance,
Car si l’on en croit leurs discours,
Ils gouvernent notre existence,
Nous vivons, grâce à leurs secours ;
S’ils sont les arbitres suprêmes
De nos jours, de notre santé,
Pourquoi n’ont-ils pas, pour eux-mêmes,
Un secret d’immortalité.

. . . . . . . . . . . . . . .

Cet Esculape est très-sévère ;
Et ne fait pas crédit longtemps :
Je lui dois la mort de mon père
Et celle de mes deux enfants ;