Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/41

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rond, tout gai, un brave à trois poils, décoré de la médaille militaire, auquel nous soumettons notre sentiment de curiosité, sourit :
« — C’est pas drôle du tout, on se fait des idées comme ça ; mais, enfin, si vous voulez, je vous montrerai, vous verrez, ce n’est pas drôle du tout. »

Eh bien ! le brave homme est blasé, car c’est au contraire très-drôle.

De l’établissement proprement dit, nous n’en parlons pas ; non-seulement tout est d’un ordre parfait, mais encore les perfectionnemens les plus minutieux sont apportés dans l’emploi des ustensiles. De temps en temps, une ombre se glisse dans le couloir, on entend un bruit de sous tombant sur un petit comptoir ; après quoi, l’ombre disparait ; elle va se coucher dans les draps d’un individu qu’elle ne connait pas et qui, la veille, a apparu comme elle et s’est éclipsée comme elle.

— « Si vous voulez, je vous montrerai tout à l’heure un gaillard qui ferait fortune aux Folies-Bergère. On lui jette une aiguille sur un plancher, il la ramasse avec son œil. »

Le patron de l’établissement distingue un sourire d’incrédulité et reprend sur un ton philosophique : « Vous allez voir ! vous allez voir ! »