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Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/51

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nant vers des « fariniers, » blancs comme des pierrots. Puis, par terre, et tout autour du poêle, encore, toujours des hommes étendus les uns sur le dos, les autres sur le ventre ; les membres harassés se tordent dans des positions extravagantes ; on voit des visages ravagés par la maladie. Beaucoup de ces gens là sont déjà phthisiques au dernier degré, et l’on entend des respirations essoufflées qui ressemblent à des râles.

D’instans en instans, le sergent de ville passe la tête par la lucarne et contemple ce dortoir confié à sa garde. Il n’est pas encore blasé sur ce spectacle, et il murmure en tordant sa grosse moustache de guerrier en retraite : « Vrai ! on dirait un champ de bataille, » Puis, faisant glisser la porte du guichet de gauche, il ajoute : « Regardez par là, maintenant ! »

Plus terrible, plus navrante est la misère de la femme, parce que cette misère est souvent plus injuste et que l’être sur laquelle elle s’abat est moins fait pour la supporter. Le spectacle du quartier des hommes est lugubre ; celui du quartier des femmes est horrible. Elles sont là, échevelées, le corsage