Aller au contenu

Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

passage. On retrouve là, en caractères tracés à la craie ou fouillés dans la pierre, toute la gamme des sentiments humains : cris de douleur, cris de désespoir, cris de rage, cris de haine, cris d’amour. Il y a de la prose et des vers. Des inscriptions naturalistes et d’autres d’un classique à faire honneur à Népomucène Lemercier ; des pensées d’une philosophie profonde ; on trouve de tout, jusqu’à de l’anglais de Biron et, ceci est absolument authentique, du grec ancien, du grec d’Homère !

Ces murs disent tout ce qui s’est passé là-dedans depuis bien longtemps, et toutes les classes de la société se touchent dans cette promiscuité du mal.

Mais, le croirait-on ? le mot que l’on retrouve le plus souvent partout, c’est amour. Les cœurs enflammés, percés de flèches, sont innombrables. Au-dessous de l’un de ces dessins, on lit : « L’amour m’a perdu ! » Le tout accompagné de grands points d’exclamation, gros comme des larmes.

Dans une encoignure, on déchiffre une petite écriture fine de femme :

Voilà huit jours que je suis sur la planche.

Je meurs d’envie d’être sortie pour avoir des nouvelles de celui que j’aime. — C’est X…, l’ange adoré de mes rêves, que je voudrais