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Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/82

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lots-concerts » jetant comme des bouffées de leur musique de bastringue aux quatre coins la ville.

Mais le Rouen spécial dont nous nous occupons, ne s’amuse pas seulement chez lui ; une fois ou deux par semaine, en été surtout, il franchit les barrières de l’octroi, il s’éparpille dans la banlieue : il va chercher la verdure plus touffue, l’horizon plus vaste, le paysage plus ensoleillé, l’air plus libre, la fatigue plus agréable que celle des ateliers où l’on est resté pendant six jours ; il « monte à la côte ».

Là encore, il y a des musiciens, là encore on chante et surtout on danse ; là encore on retrouve des établissemens qui ressemblent à la fois au boui-boui, au bal public et au petit restaurant. Là, il y a tous les dimanches et lundis soirs, lorsque le temps est beau, des centaines de braves gens qui font trois kilomètres dans la poussière pour aller manger un lapin en gibelotte qui serait bien meilleur chez eux ; pour entendre les improvisations de quelque trouvère en loques et « pincer un rigodon » pendant qu’un « violoneux » râcle, en souriant mélancoliquement, les vieilles cordes de son violon qui produisent, sous l’archet, le ronflement d’une ficelle bien tendue qu’on ferait vibrer avec le doigt.