Aller au contenu

Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pue dans un trémolo passionné, semble pleurer, tandis que le joueur rit de la quête fructueuse faite dans la soirée, grâce à laquelle il pourra dîner sans musique enfin, lorsque tous ces gens-là seront partis.

Le silence s’est rétabli peu à peu et le défilé commence sur la grand’route. La promenade est muette, le chemin qu’on a parcouru facilement dans la journée parait long, maintenant ; les assiettes et les bouteilles vides se heurtent dans les paniers, qui paraissent plus lourds, quoique moins chargés. Et tandis que le trou formé par la cité Jeanne-Darc semble un gouffre au fond duquel brillent quelques becs de gaz, la lune projette sur le sol les ombres démesurées des hommes portant sur leurs épaules des enfans endormis dont la tête se balance de droite et de gauche.

Puis, longtemps après, on aperçoit quelqu’un qui s’avance, trainant la jambe et côtoyant le talus : c’est le « violoneux. » Il rentre chez lui, lorsqu’il a un domicile, portant à la main le mouchoir dans lequel il a serré les sous de la quête.