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Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/97

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blonde, il représentait à Sotteville, dans une féerie intitulée Geneviève de Brabant, un jeune page de quatorze ans, tout en conservant de superbes côtelettes que lui eut enviées M. Jules Ferry.

La Tentation de Saint-Antoine ! C’est la seule pièce à marionnettes que le théâtre Legrain ait jamais représentée. Pourquoi, en effet, le spectacle aurait-il été changé ? Les enfans le connaissait par cœur, mais ils venaient tout de même l’entendre ; il était si drôle le petit compagnon du saint, traversant la scène au galop de ses courtes jambes et transformé en bougeoir ambulant.

Les personnes plus sérieuses qui s’égaraient sous la tente s’intéressaient au dialogue. On pensait involontairement à ces anciens mystères dont l’imagination de nos aïeux se délectait ; on y retrouvait un je ne sais quoi d’archaïque qui réveillait les souvenirs d’auteurs anciens ; l’action naïve, les vers amphigouriques, car il y a des vers dans la Tentation de Saint-Antoine, tout cela, y compris les six becs de gaz de la rampe, produisaient un singulier effet sur l’esprit.

Tout à coup, une voix, devenant de plus en plus chevrotante et incompréhensible à mesure que l’âge avançait, chantait un « Gloire à Dieu, » tandis que Saint-Antoine