Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

s’agenouillait, grâce à une ficelle tirée adroitement. Puis, c’était Proserpine, portant sur la joue la « mouche assassine, » qui venait, quelques instans avant son époux Pluton, essayer de séduire le pieux ermite. On voyait aussi des démons, au grand bonheur, au grand effroi des spectateurs à la mamelle.

Ils faisaient, ces braves petits diables, une guerre acharnée à leur ennemi et chantaient ceci :

Allons, prenons le patron,
Tirons-le par son cordon,
Faisons-le danser en rond,
Messieurs les démons, laissez-moi donc !

Et le chœur des démons continuait plus infernal que jamais.

Nous allons casser la maison
Du bienheureux Antoine,
Nous la réduirons en charbon,
En dépit de ce moine.

Nous allons prendre le cochon
Du bienheureux Antoine.
Nous en ferons du saucisson
En dépit de ce moine.
Nous en ferons part aux amis,
Biribi,
À la façon de barbari, mon ami !

Le père Legrain tirait deux ficelles, et Saint-Antoine désolé levait vers le Ciel deux petits morceaux de bois qui lui servaient de bras, et, au fond du théâtre, on entendait une voix grave chantant :