Page:François d’Aure-Geneviève ou L'innocence reconnue tragédie, 1670.djvu/115

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Son deuil est achevé, j'ai fait l'amour pour toi,

Et l'ai persuadée à te donner sa foi. 2345 Qu'en dis-tu, la voilà ? Je te l'ai réservée ;

Tu la devais chercher, et je te l'ai trouvée.

Hé biens, tu ne dis mot ?

HENRY

J'ai bien de quoi rêver,

Et ne sais pourquoi vous voulez m'éprouver.

GERTUDE

Et je ne sais pourquoi je vous suis méprisée.

HENRY

2350 Madame, je veux bien vous servir de risée.

N'est-ce pas me railler, qu'imputer à mépris

Le respect dont je prise un trésor hors de prix ?

Je me tais par honneur ; que saurais-je répondre

Aux propositions qu'on fait pour me confondre ?

GENEVIÈVE

2355 Henry croit qu'on l'abuse, ou bien qu'en vérité

On lui offre un parti qu'il n'a pas mérité.

SIFROY

Parle donc, mon Henry ; Fais-toi quelque contrainte

Pour voir si ce qu'on dit est chose vraie ou feinte.

HENRY

Monseigneur, je ne puis, craignant d'être confus, 2360 À faire une recherche, et souffrir un refus.

GENEVIÈVE

Il n'est pas sans amour, mais le respect l'arrête,

Il faut que la douceur prévienne sa requête.

Ma Gertrude, avancez, faites le premier pas.

GERTUDE

Je voudrais bien Henry ; mais il ne me veut pas.

HENRY

2365 Vous, Madame ? Dieu sait que je n'en veux point d'autre.

GERTUDE

Dieu sait pareillement que je veux être vôtre.