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Si de vous promener il vous prend fantaisie,
Suivez à l’occident ce limpide ruisseau,
Serpentant dans les prés qu’il baigne de son eau.
De superbes forêts s’ouvrent, pour faire place
À de rustiques toits que leur feuille entrelace.
Partout, dans ce vallon, des vallons non moins frais,
Parsemés de verdure, ornés d’autres forêts,
Ont des bains naturels, des bosquets, des cascades,
Partout, vous croyez voir des faunes, des driades.
Ah ! comme la nature auroit, sous ces berceaux,
De notre Saint-Lambert exercé les pinceaux !
C’est ici, mes amis, le pays des églogues,
Du combat pastoral, des tendres dialogues.
Ici Gesner, enflant ses pipeaux bocagers,
Auroit fait rafraichir, fait asseoir ses bergers.

Au dessus de ce mont vous montez sans secousse,
Suivant jusqu’au sommet une pente assez douce :
Vous trouvez une ferme, [ une ferme en ces lieux ! ]
Audessus de la ferme, une source, à vos yeux,
Sort du pied d’un rocher, à l’ombre d’un vieux chêne
Planté dans le roc vif, d’où jaillit la fontaine.
Plus haut, d’autres aspects, vastes et variés,
Semblent mettre, en marchant, l’univers à vos piés.

Curieux empressés, dans vos courses perdues,
Qu’allez vous demander à la Suisse ? des vues ?
Des Eaux ? des Lacs ? des Rocs ? un peuple fier et doux ?
Ne cherchez pas si loin ce qu’on trouve chez vous.
C’est de l’esprit humain l’éternelle devise :
Il ne sait rien de beau, s’il ne se dépayse.
Ce que l’on voit de loin a toujours plus d’attraits,
Et l’on connaît bien moins ce dont on est plus près.
Marmontel fut plus juste. Aux Vôges, dans Bruyere,