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» À vos pieds prosterné, dévoré par la faim,
Mes cris vous demandaient du travail et du pain.
Darnaud vint. C’est un Dieu.«


Après avoir fait un Dieu de M. Darnaud, il adressa la satyre du dix-huitième siècle à M. Fréron. Trop aigri de ses infortunes, il ne répandit que du fiel. Cette satire du dix-huitième siècle, et celle intitulée : mon apologie, renferment de beaux vers, mais partis d’un cœur ulcéré et d’un goût bien peu sûr. Il y a du mérite aussi dans sa traduction en vers de deux chants de la mort d’Abel. On a publié, en 1788, sous le titre peu convenable, d’œuvres complettes de Gilbert, un volume de deux cent trente-deux pages, qui ne contient pas tout ce qu’il a fait. L’ode du jugement dernier n’y est pas telle que l’Auteur l’avait envoyée à l’Académie française, et qu’il la récitait souvent, du ton d’énergumène dont il déclamait tous ses vers. Cette ode finissait par un sarcasme violent que Satan adressait à Dieu. Le Diable, enorgueilli d’avoir de son côté les plus gros bataillons, se moquait en revanche du petit nombre des élus :

» Eh ! qui sont-ils encor ? les plus vils des humains
Mais leurs Sages, leurs Rois, ils sont entre mes mains.
Vas, dans ton ciel désert, pleurer ton impuissance.
Je suis vainqueur.«

Pour toute réfutation de la bravade de Satan,

» Dieu l’entend, le regarde… Il ne l’a plus trouvé.«

Les dévots sentirent sans doute la faiblesse de la réponse, et retranchèrent le passage, lorsque Gilbert se