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GUIDE DU BON SENS

Je continue à affirmer que la liberté devrait être considérée comme un bloc, et qu’à l’égard du bon sens, il n’y a pas des libertés, celle-ci et puis celle-là, il n’y a qu’une liberté qui les contient toutes.

Sinon, ces libertés, prises chacune séparément, rappellent ces petites boîtes japonaises, de bois laqué ou de paille tressée, destinées à s’emboîter (c’est bien ici le mot), à s’emboîter si parfaitement les unes dans les autres, et qui s’y emboîtent, en effet ; quand toutes les boîtes sont ainsi placées, on ne pourra plus se servir d’aucune, on constatera qu’il n’y a plus moyen de rien enfermer dedans, qu’elles sont devenues, chacune et dans l’ensemble, complètement inutilisables ; il ne reste qu’une jolie boîte, ingénieusement agencée, et qui ne peut servir à rien.

J’ai grand’peur qu’il n’en soit de la Liberté (avec un grand L) comme de la plus grande des boîtes japonaises dans laquelle toutes les autres se viendront placer, subtile invention, précieuse réussite, à condition qu’elle-même et toutes les autres boîtes soient vides…

Une des formes de liberté à laquelle nous nous flattons de tenir le plus, pour laquelle nous nous déclarons prêts à aller en prison, qui est un étrange aboutissement de la liberté, ou à dresser des barricades contre ceux qui ne