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GUIDE DU BON SENS

— C’est « curieux » !…

Et c’est parce qu’il ne voulait pas demeurer en reste avec sa femme, parce que la sottise masculine ne peut résister à l’orgueil féminin, ni à l’entraînement de se mettre aussitôt à son unisson, c’est par sottise, comme Ève par orgueil, qu’Adam, après Ève, a mordu dans la pomme, dont, pas plus qu’elle et moins encore, il n’avait envie, ni besoin.

Ce que nous reprochons au bon sens, c’est son dogmatisme, c’est d’être celui qui affirme toujours : — C’est ceci ! ou : c’est cela ! — et d’être celui qui a toujours, qui veut toujours avoir raison.

Nous n’aimons pas, nous supportons avec humeur que l’on ait toujours raison :

— « Et si je veux être battue ! »… proteste la femme de Sganarelle ; — « Et si nous voulons nous tromper et être trompés !… »

Quand l’adage latin affirme que l’erreur est humaine, faut-il donc que nous l’interprétions, non comme un regret, mais tout à notre gloire, et qui considère cette erreur, non comme une infériorité, une malfaçon, mais bien au contraire comme un apanage, et parmi les plus précieux, de l’humanité ?

Nous reprochons au bon sens de négliger le hasard et de supprimer l’aventure, comme si l’aventure ne comportait que des périls et pas de charmes — et n’est-il pas de charmants