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cependant culottes de clown… Et puis un jour, comme il allait atteindre sa quatorzième année, un jour, en pleine étude, il fut brusquement mandé dans le cabinet où M. et Mme Fips tenaient leurs audiences.

Le vieux gentleman avait l’air plus triste et solennel que de coutume, et une émotion pas habituelle semblait colorer le visage d’ordinaire impassible de Mme Fips.

Une dépêche venait d’arriver, annonçant que le père de Footit était mort, et que la mère, d’urgence, rappelait son fils auprès d’elle.

L’enfant ressentit un gros chagrin, et, comme il ne faisait pas encore profession d’être clown, il n’eut pas à cacher ses larmes.

Son père, son maître, il songea qu’il ne le verrait plus, avec son maillot tout étincelant de paillettes, et sa perruque de folie, en haut de laquelle un papillon se balançait, — ce papillon qui l’intéressait tant, lui avait-on conté, lorsque son père, au moment de la représentation, se penchait sur son berceau pour l’embrasser, tout petit…

Il se rappela leurs exercices ensemble, et le grand mouchoir, dans lequel il lui sembla que, sur le moment même, il le serrait bien fort, — si fort que c’était son cœur qui, maintenant, s’en trouvait tout serre !

Et lorsqu’il eut fait ses adieux, rangé son bagage d’écolier, Footit descendit au jardin, — dans son jardin ; le fuchsia y était encore, le beau fuchsia donné par son père ; l’enfant cassa une petite branche…