Page:Franc-Nohain - Les Mémoires de Footit et Chocolat, 1907.djvu/26

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L’oncle Sanger, quand son neveu lui eut fait part des difficultés qu’il rencontrait chez lui, et de l’honneur qu’il sollicitait d’être engagé dans sa troupe, tout d’abord ne répondit rien ; ce n’était pas un bavard, ni un expansif, que l’oncle Sanger, c’était un homme d’action.

Donc, sans cesser de mâchonner le cigare éteint qu’il avait toujours au coin de la bouche — et que les jaloux l’accusaient même de « chiquer » un peu, — le directeur de la Sanger’s Company dit que l’on allât chercher Tom o’Shanter et qu’on l’amenât sur la piste.

Tom o’Shanter était un cheval admirable, mais qui avait la réputation solidement établie et justement méritée de n’être pas commode.

Quand les hommes d’écurie virent, sur l’ordre de son oncle, Footit enfourcher Tom o’Shanter et piquer des deux, ils se poussèrent du coude, clignèrent des yeux, et se mirent à regarder tout de suite à terre, pour apercevoir aussitôt l’endroit où ce jeune téméraire allait infailliblement rouler dès le premier tour.

Mais la perspicacité des hommes d’écurie fut ici en défaut : contrairement à tout espoir et à toute apparence, Tom o’Shanter, sous la direction de Footit, s’était soudainement humanisé, — si tant est que l’on puisse dire d’un cheval qu’il s’« humanise » ; — le certain est qu’il avait trouvé son maître, et un maître qui lui plaisait.

Et quand, après quelques classiques exercices de haute école exécutés avec