Page:Franc-Nohain - Les Mémoires de Footit et Chocolat, 1907.djvu/27

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la sûreté et l’aisance la plus parfaite, Footit eut ramené devant son oncle un cheval qui se laissait conduire, vraiment, de la meilleure grâce du monde, l’oncle Sanger, ayant pris le temps de rallumer son cigare, ce qui était la seule façon qu’on lui connût de traduire ses émotions, l’oncle Sanger dit simplement :

— Tu débuteras demain soir, mon garçon !

Et c’est ainsi que Footit entra au cirque Sanger, et c’est comme écuyer du cirque Sanger qu’il allait faire sa première tournée en France.

Ah ! cette vie du cirque en tournée, l’arrivée dans les villes, la cavalcade !

Footit devait prendre part à la cavalcade, debout sur un char traîné de six chevaux ; et il n’a jamais oublié son angoisse quand, dans la première ville, à Dunkerque, il s’aperçut, au moment de partir, que ses camarades — farce classique et que l’on ne manque jamais de faire aux débutants — ses camarades s’étaient amusés à embrouiller ses rênes : et je vous laisse à penser s’il est facile de s’y reconnaître parmi les rênes embrouillées dont s’attellent six chevaux !

Footit ne se fâcha pas, en quoi il fut sage ; car il est important, dans cette existence nomade, de prendre allègrement les choses et de montrer que l’on a bon caractère ; c’est que l’on a sans cesse besoin les uns des autres, au hasard des étapes, selon les exigences de la route, et les mauvais coucheurs risqueraient de coucher parfois à la belle étoile…

En général, on compose des escouades de quatre, dont chacun, tour