Page:France - Saint Yves.djvu/101

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ignore peut-être qu’elle doit à saint Yves la conservation de la fortune de leur ancêtre, et la haute position qu’elle occupe depuis.

L’usure était assez commune à cette époque et causait la ruine des familles honnêtes qui avaient le malheur d’y prêter la main. Telle était une pauvre veuve de Pommerit-Jaudy, appelé Levenez. Un usurier fort connu, nommé Riwal Hardel, qui lui avait prêté quelque argent, voulait s’emparer de son courtil, ou petit jardin muré qui entourait sa maison. La veuve n’avait pas refusé de lui rendre la somme, elle demandait seulement un délai, et le prêt était loin de valoir le petit bien de la pauvre femme. Elle eut recours, dans sa détresse, à Yves de Kermartin, dont la science et la sainteté étaient déjà en renom. Comme elle n’avait rien, elle le supplia, dit Yves Suet, de vouloir bien la défendre pour l’amour de Dieu, comme le disent toujours les pauvres au pays de Tréguier. « Oui, répondit Yves, pour Dieu je vous aiderai : Pro Deo te adjuvabo. » Il s’enquit encore soigneusement de la bonté de sa cause ; car, comme dit la Très Ancienne Coutume de Bretagne, nul ne doit commencer pled ne aulre contens, s’il n’entend avoir bon droit et raison, maxime qui est encore invoquée par les