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V
AVIS AU LECTEUR.

pas longtemps la sécurité qu’il avait espérée. Les événements de fructidor amenèrent une recrudescence de rigueurs à l’égard des émigrés. Sa situation devint si dangereuse qu’après s’être tenu, pendant dix-huit mois, caché à Amiens, dans l’hôtel de sa famille, rue Porte-Paris, il dut de nouveau s’exiler. En effet, il ne devait pas se faire illusion sur le sort qui l’attendait s’il venait à avoir le malheur d’être pris. Plusieurs de ses compagnons d’armes, tels que MM. de Ménars et d’Olliamson avaient été fusillés. On multipliait les visites domiciliaires ; mais grâce au bon esprit qui a toujours régné à Amiens, le proscrit en était toujours averti. Il réussit à gagner Rotterdam, où il resta jusqu’au 18 brumaire, qui rouvrit aux émigrés les portes de la France.

Pendant ces longues années passées sur le sol étranger, Félix d’Hézecques eut tout le temps de suivre la marche des événements, d’étudier le changement qui s’était opéré dans les esprits pendant cette grande révolution qui venait de bouleverser l’Europe, et de se façonner à ces idées de sage libéralisme en harmonie avec les sentiments et les besoins qui travaillaient la France nouvelle. Les voyages, la lecture, ses observations n’avaient pas été sans amener des réflexions. Il se soumit donc sans trop de peine à l’ordre nouveau. Dès 1804 il prit du service sous le drapeau qui était devenu celui de la France. En 1813