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SOUVENIRS D’UN PAGE.

modeler de nouveau. Au-dessus des portes, le pinceau des grands maîtres avait retracé les portraits de don Juan d’Autriche, de Catherine de Valois, de Marie de Médicis et du preux François Ier.

C’était par une porte dérobée de cette chambre que le roi pouvait, au moyen de corridors ménagés dans les entresols, se rendre auprès de la reine. Peu de jours après le 5 octobre, en allant reconnaître le désordre de cette journée, je trouvai les portes laissées ouvertes dans le trouble, et je parcourus ce labyrinthe de passages inconnus, dont plusieurs étaient matelassés ; je pénétrai ainsi dans une foule de petits appartements dépendant de celui de la reine et dont je ne soupçonnais pas même l’existence. La plupart étaient sombres, n’ayant de jour que sur de petites cours. Ils étaient simplement meublés, presque tous en glaces et boiseries. Je n’y vis de remarquable qu’un beau tableau de madame Lebrun ; c’était M. le dauphin, accompagné de sa sœur, donnant une grappe de raisin à une chèvre.

Dans les appartements du roi dont j’ai déjà parlé, se tenaient, le jour, les valets de chambre et de garde-robe de service au château ; mais la quatrième pièce, nommée le grand cabinet, était celle où se tenait le premier valet de chambre. On y voyait, au milieu, le modèle en petit de la statue en bronze de la place Louis XV, et la fameuse pendule de Passemant, haute de sept pieds, qui, outre les heures, marquait les années, les mois, etc., indiquait les phases de la lune et