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SOUVENIRS D’UN PAGE.

petit événement, parce que le pauvre homme, croyant déjà, dans son effroi, voir se baisser devant lui le pont-levis de quelque forteresse, se trouva mal, et bien tristement donna son nom et son adresse. Mais Louis XVI, qu’on a voulu parfois nous présenter comme un homme violent et emporté, l’envoya rassurer et consoler, quoique la perte fût de plus de mille écus.

À gauche de ce cabinet, était l’antichambre des garçons du château qui portaient la livrée et servaient le roi dans son intérieur, faisant près de lui le service de nos laquais.

En continuant la visite des appartements du côté des cours du château, on tombait dans cette série de cabinets où le roi passait sa vie et travaillait sans cesse. Les meubles les plus rares y étaient entassés, ainsi qu’une foule de curiosités. J’y ai vu le portrait d’Hyder-Ali et de toute sa famille, la canne de Louis le Grand, une belle pendule qui indiquait en même temps l’heure de Paris et celle de toutes les capitales du monde. La quatrième pièce était la bibliothèque particulière du roi ; c’était là qu’il étudiait ordinairement, sur un petit bureau placé dans l’embrasure de la fenêtre. Le monarque se reposait de son travail en regardant les gens qui traversaient les cours ; et les curieux, ceux qui étaient de bonne foi, pouvaient se convaincre aux livres usés gisant sur le parquet, à la quantité de papiers épars de tous côtés, que Louis XVI ne passait pas son temps à forger, à s’enivrer ou à battre ses