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SOUVENIRS D’UN PAGE.

Suisses et Françaises. Dès que paraissait le dais, tous ces guerriers fléchissaient le genou et les drapeaux s’inclinaient. Le spectacle de ces braves, fermes devant une batterie, et s’humiliant à la vue du Dieu de la France, faisait naître dans toutes les âmes un respect religieux.

Après une station à la chapelle, on revenait, dans le même ordre, entendre la grand’messe à la paroisse.

Cette longue cérémonie était pénible pour tous ; l’extrême lenteur de la marche la rendait fatigante, le soleil dardant ses rayons sur toutes ces têtes nues, et les prêtres succombant sous le poids de leurs riches ornements.

Le jour du dimanche des Rameaux la cour sortait aussi avec le clergé, portant de longues branches de palmier desséchées. On s’approchait de la porte de la chapelle pour entendre la voix tonnante d’un chapelain, l’abbé de Ganderatz, qui ébranlait les voûtes en chantant, pour se faire ouvrir les portes, ce verset de la liturgie : Attollite portas, etc. Il est fort difficile de rencontrer une voix aussi puissante ; elle faisait vibrer les vitres de l’édifice.


La présentation des dames se faisait tous les dimanches, après vêpres, dans le cabinet du roi. La dame qui en présentait une autre la nommait au roi ; la dame présentée faisait alors le geste de vouloir lui baiser la main, mais le monarque la relevait et lui baisait la joue.