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CORDONS-BLEUS.

MM. de Montchevreuil et de Villars, dont les dentelles d’argent se trouvèrent tellement mêlées qu’on ne put jamais les séparer, ce qui compromit quelque peu la gravité de la cérémonie, aussi bien que le peu d’ampleur des chausses du maréchal d’Hocquincourt[1].

Après les novices venaient tous les chevaliers, deux à deux, par ordre de réception. La marche était terminée par les princes et le roi suivi de toute sa maison.

La famille des Rohan, d’après ses prétentions à vouloir être traitée comme souveraine, refusait le cordon bleu, parce que les seigneurs de ce nom voulaient marcher avec les princes du sang, et non leur rang de réception.

Après la messe, célébrée par un prélat, commandeur de l’ordre, le roi montait sur un trône de velours vert semé de flammes d’or, et placé du côté de l’évangile. Le récipiendaire était amené par les maîtres de cérémonies entre deux parrains choisis parmi les anciens chevaliers. Après de nombreuses révérences, faites non pas en s’inclinant, mais en ployant les genoux, comme les femmes, ils s’approchaient du trône. Le novice, aux pieds du roi, prononçait le serment prescrit par les statuts de l’ordre, et recevait ensuite le collier et le grand manteau de velours noir semé de flammes d’or, avec la doublure et le chaperon de satin orange. On lui remettait également le chapelet et un

  1. Madame de Sévigné, Lettre du 3 janvier 1689.