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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/236

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SPECTACLES.

tragédie d’Azémire, qui a été sifflée outrageusement depuis le commencement jusqu’à la fin. »

La salle de spectacle, au château de Versailles, était située dans l’aile à droite de la cour royale. Ce côté du château avait été rebâti après coup, et la nouvelle architecture s’accordait mal avec le goût sévère et la teinte sombre des travaux de Louis XIV. Cette salle contenait peu de monde ; mais le théâtre était vaste et pouvait et prêter à la représentation des opéras les plus embarrassés de machines et d’acteurs. Toutes les dépendances de la salle étaient commodes, et la décoration intérieure magnifique. Les loges étaient garnies de draperies en moire bleue ; celles où se plaçait la famille royale étaient grillées et situées au rez-de-chaussée. Toutes les personnes à qui leurs charges ne donnaient point entrée au spectacle, se faisaient inscrire pour avoir des billets chez le capitaine des gardes, lequel, à raison de sa place, devait répondre de toutes les personnes qui approchaient le roi. Les pages de la chambre avaient leurs places dans la loge des premiers gentilshommes, d’où, par un petit escalier, nous portions leurs ordres sur le théâtre. Le vieux maréchal de Duras, toujours galant, nous envoyait souvent chercher les actrices, qui venaient dans sa loge recevoir un compliment, parfois une accolade ; il nous recommandait de leur baiser la main en les reconduisant, et la vertueuse Idamé, la fière Aménaïde redescendaient par l’escalier tortueux, appuyées, non sur le bras d’un mandarin ou d’un cheva-