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LA MÉNAGERIE.

nos aïeux, parce qu’un robinet, adroitement tourné, lâchait plusieurs petits jets d’eau qui inondaient les curieux et divertissaient les spectateurs.

Ce pavillon était isolé et entouré de cours où passaient tranquillement les animaux à qui leur naturel paisible permettait de bondir en liberté. Dans d’autres étaient les grandes loges où rugissaient les lions, les tigres et les panthères. La Ménagerie était toutefois peu garnie d’animaux. On y voyait quelques tigres, un rhinocéros, des singes et ce beau lion amené des forêts du Sénégal avec un chien, compagnon de son enfance, consolateur de son exil, qui est mort au Jardin des Plantes, à Paris. L’éléphant était mort depuis longtemps. Ce colosse, qui aurait traversé facilement le Gange, se noya dans une petite mare où il se baignait.

La volière était très-agréable, parce que, au moyen d’un petit ruisseau qui la traversait, on y avait réuni toute la gent volatile qui gazouille dans les buissons et les espèces boiteuses des marais et des bords de l’Océan. Le chant de la fauvette accompagnait le petit cri aigu de l’hirondelle de mer, tandis que le faisan de la Chine promenait gravement sa robe et son aigrette dorées.

On m’a raconté, et j’avoue que j’ignore si l’histoire est vraie, qu’un suisse de la Ménagerie avait demandé à Louis XIV la survivance d’un éléphant à qui on donnait chaque jour un certain nombre de bouteilles de vin. Je n’ai point, cela va sans dire, connu cet