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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/310

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ÉTATS GÉNÉRAUX.

Comme je n’entends pas écrire l’histoire des États généraux de 1789, je ne les suivrai point dans leurs innovations et leurs rébellions. Jusqu’à la séance royale du 21 juin l’engouement continua. Les plus fidèles serviteurs du roi ne se lassaient point d’aller entendre à la salle du tiers état, seule assez grande pour admettre le public, les motions et les discours des orateurs les plus célèbres. Chacun admirait la véhémence de Mirabeau, l’éloquence de Barnave ; on s’arrachait tous les pamphlets que chaque jour voyait éclore. Les laquais eux-mêmes les dévoraient à la porte des hôtels, et tous ces affreux papiers prêchaient plus ou moins ouvertement l’impiété, la désobéissance aux lois et le mépris de l’autorité royale. On ne commença à ouvrir les yeux qu’à la journée du 14 juillet ; encore bien des personnes persistèrent-elles dans leur aveuglement jusqu’au massacre des 5 et 6 octobre. La séance royale du 23 juin fut le dernier effort de la monarchie expirante. Ce ne fut qu’une occasion pour les factieux de jeter le masque et de montrer leurs projets anarchiques. Il aurait fallu montrer de la sévérité ; mais au lieu d’un Richelieu, Louis XVI n’avait à écouter qu’un lâche et perfide ministre. Il faiblit, et dès lors il se vit détrôner. La réunion des trois ordres eut lieu parce que la noblesse craignait pour les jours du roi, et le roi pour le sang de la noblesse. Personne n’écouta ce profond et sage conseil de M. de Cazalès : « Périsse le roi, mais sauvons la monarchie ! » Le roi fit ordonner à la noblesse, par son président, le duc de Luxembourg, de se réunir