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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/316

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14 JUILLET.

L’enthousiasme qu’excita la présence du vieux guerrier ne laissait pas de doute sur celui qu’eût produit la présence du roi. Mais on l’attendit en vain ; et ces braves gens partirent sans avoir vu leur souverain. On peut dire que, dès lors, leur fidélité fut ébranlée par l’espèce de mépris qu’il semblait leur témoigner. Je ne blâme point Louis XVI ; je rejette toutes ces fautes sur ceux qui l’entouraient et qui, abusant de sa confiance parce qu’ils connaissaient son âme, amenaient sa déchéance en l’entretenant dans la crainte qu’il avait de rendre son peuple malheureux et de verser le sang de ses sujets. Et c’est ainsi qu’on peut expliquer comment le roi qui a prononcé ces sublimes paroles, comparables à tout ce que l’antiquité nous offre de plus touchant : « Qu’on le consolait de ses peines en lui disant qu’il était aimé de son peuple, » a pu être traîné par ce peuple à l’échafaud.

Louis XVI s’était décidé, le 11 juillet, à renvoyer Necker du ministère ; mais cette mesure sage et prudente devait être appuyée elle-même par des mesures énergiques, au besoin par les baïonnettes. Necker, il faut le dire, se conduisit sagement. Il était certain du mouvement que son départ ferait éclater ; il monta en voiture sans préparatifs, et gagna Bruxelles. Ce ne fut que le dimanche 12, que le bruit de sa disgrâce devint public. Je conduisis, ce jour-là, un honnête homme de ma province au dîner du roi. Il était partisan outré de Necker et des réformes, erreur dont il revint bien vite et qu’il expia par une détention de