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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/317

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SOUVENIRS D’UN PAGE.

dix-sept mois sous le règne de la Terreur ; il me dit qu’il avait lu sur le visage de la reine le contentement qu’elle éprouvait du renvoi du ministre. Je n’en sais rien mais il me semble que cette princesse avait trop de perspicacité pour ne pas s’inquiéter, au contraire, d’une demi-mesure qui pouvait amener des malheurs. Le soir, en effet, on apprit l’insurrection de Paris. Peu de personnes osèrent y retourner. Le mardi, au bruit des canons de la Bastille, aux cris des victimes égorgées, toutes les troupes avaient pris les armes, restant en bataille sur la place d’armes. Mais le roi, cédant à la demande des États, les éloigna dans la nuit. Bientôt les gardes françaises imitèrent la lâche conduite de leurs camarades de Paris ; ils abandonnèrent leurs postes et furent remplacés par quelques gardes nationaux d’une contenance aussi ridicule que pittoresque.

Si le roi, en se rendant, le 16, aux États, prouva son amour pour le bien et la concorde, il donna, le 17, le plus grand exemple de courage et de sang-froid en allant se livrer aux Parisiens. Il en a donné depuis de supérieurs à celui-ci. Mais on peut dire que ceux-là sont au-dessus de l’humanité. Le voyage de Paris était un piége tendu au malheureux roi par la faction d’Orléans. Elle espérait bien qu’amené sans gardes dans Paris, au milieu d’une populace furieuse, encore émue des excès de la veille, il n’en sortirait pas vivant. M. le comte d’Artois était parti dans le plus grand secret, la frayeur faisait disparaître Monsieur ; le trône restait donc à l’odieux Philippe, car la santé chancelante du