Aller au contenu

Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/323

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
306
SOUVENIRS D’UN PAGE.

salle de l’Opéra, le jeudi 1er octobre. Toute la ville se porta dans les loges pour voir cette réunion des députations de tous les corps en garnison à Versailles, et jouir du coup d’œil de cette foule de guerriers se livrant à une joie pure, augmentée par les sons d’une belle musique militaire et par la magnificence du local, qui était splendidement éclairé.

Au retour de la chasse, le roi voulut être le témoin de cette fête ; il fit appeler sa famille et se rendit à l’Opéra. La présence du monarque et de son auguste famille y excita cette joie et cet enthousiasme que la vue de leur souverain causait toujours à des Français. Après avoir fait le tour de la table et salué les convives, le roi retourna dans ses appartements, où il fut suivi de tout ce qui se trouvait dans la salle. Rentré chez lui, ce prince, pour congédier la foule rassemblée sous ses fenêtres, dans la cour de marbre, parut sur le balcon. Les militaires, animés par la musique, escaladèrent le balcon aux cris de : Vive le roi ! et portèrent de nouveau, par ce singulier chemin, l’hommage de leur dévouement à leur souverain. Mais le roi retiré, chacun se dispersa, et à neuf heures tout était calme dans les cours du château. Tel est l’événement sur lequel on a bâti tant de calomnies, à Paris et au Palais-Royal, ce foyer de toutes les insurrections, comme le repaire de tous les vices. Les esprits s’échauffèrent ; on parla d’aller à Versailles chasser les gardes du corps, qui portaient encore la cocarde blanche et méprisaient la nation ; le 5 octobre, tous les bandits des faubourgs et