Aller au contenu

Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/328

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
311
5 OCTOBRE.

vomissant les injures les plus atroces contre cette princesse, et en demandant sa tête à grands cris. Les gardes, blessés, assommés, se dérobent dans la grande salle. Varicourt, le frère de madame de Villette, la fameuse Belle-et-Bonne de Voltaire, est entraîné, conduit à l’homme à la grande barbe, et bientôt sa tête est à côté de celle de Deshuttes. Durepaire et Miomandre de Sainte-Marie, après avoir averti par leurs cris les femmes de la reine, donnent le temps, par leur vigoureuse résistance, de barricader la porte. Miomandre reçoit un coup de crosse de fusil sur la tête ; le chien pénètre le crâne ; et sa tête aurait augmenté les trophées sanglants de cette matinée, si plusieurs de ses camarades, réfugiés dans la grande salle, et revenant sur leurs pas pour se soustraire à une autre bande de brigands montés par l’escalier des Princes, ne l’eussent secouru et ne se fussent fait jour jusqu’à l’autre salle qui précédait les appartements du roi.

Aux cris de sa garde égorgée, la reine, que la fatigue et l’inquiétude avaient forcée de prendre un peu de repos, est réveillée. Son effroi lui permit à peine de prendre un léger vêtement, et de se soustraire au danger, en se réfugiant près de son époux. Marquand, garçon de garde-robe, qui était de service chez le roi, entend frapper à coups précipités à une petite porte placée à l’extrémité de l’Œil-de-Bœuf ; il court ouvrir, et quel ne fut pas son étonnement, en voyant sa souveraine à moitié nue, se dérobant aux coups des assassins ! Dans le même moment, le roi, inquiet