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SOUVENIRS D’UN PAGE.

frayante. Mais la princesse fut toujours là. Parée des diamants de la couronne ou revêtue des haillons de la misère, ce fut toujours la fille de Marie-Thérèse ; elle en montra toujours le courage et l’énergie.

Échappant à la tutelle d’une mère sévère, cette princesse était arrivée, à quinze ans, sans autre guide que les dernières recommandations maternelles, au milieu d’une cour dissolue, où le vice régnait ouvertement, protégé par un monarque faible. Elle sut s’y faire respecter ; mais elle crut pouvoir quelquefois s’affranchir des entraves de l’étiquette pour se procurer d’innocentes distractions ; et, comme il fallait à la méchanceté quelque prétexte, on lui en fit un crime : ce fut là la source de toutes les calomnies qu’on répandit contre elle.

Elle fut toujours la plus tendre des mères et sut conserver l’affection de son époux, faveur que l’épouse infidèle perd bien vite. Jamais elle ne s’écarta des devoirs de la religion, et, sans les suivre avec l’exactitude de sa mère, elle imitait le roi, prince aussi religieux qu’on peut l’être au milieu des embarras de la royauté.

Sans enfants dans les premiers temps de son union, attachée à un mari qui aimait à consacrer à la chasse et à l’étude les loisirs que lui laissaient les devoirs de la souveraineté, la reine se forma une société où se trouvaient quelques jeunes gens ; de là les horreurs débitées sur le compte de cette malheureuse princesse. Et cependant le vice se cache, tandis que ces visites étaient