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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/34

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LA REINE.

publiques. Au reste, si la reine admettait chez elle le comte Fersen, MM. de Vaudreuil et de Coigny, le vieux Besenval y était aussi appelé. Depuis dix ans toutes ces calomnies ont cessé, parce qu’elles sont devenues inutiles. Et pourtant aujourd’hui tout danger qu’eût pu offrir la publicité d’une intrigue criminelle avec la reine a disparu, tous les acteurs de ces prétendues scènes scandaleuses vivent encore, et aucune des anecdotes répandues au commencement de la révolution ne s’est confirmée ; le silence le plus complet a enseveli toutes ces horreurs. J’ai questionné, j’ai écouté avec autant d’avidité que de prudence, j’ai consulté les personnes attachées à la cour, à la reine, et tout m’a confirmé dans mon respect pour sa vertu.

Louis XVI avait pour sa femme l’affection d’un bon époux ; il la chérissait tendrement. Loin de s’en éloigner, il la voyait aussi souvent que ses occupations le lui permettaient. Outre la réunion du souper, ses visites se multipliaient plusieurs fois le jour. Lorsque la reine était à Trianon, le roi y passait une partie de la journée. Jamais la méchanceté ne leur attribua ces petites querelles dont peu de ménages sont exempts. Plusieurs années passées sans enfants ne firent qu’augmenter leur attachement réciproque, et bientôt la plus aimable famille vint resserrer les liens qui les unissaient. Peut-on supposer que la reine, une fois mère, eût voulu, au préjudice de son fils, appauvrir la France au profit de son frère, en lui faisant passer, comme on l’a dit, des sommes considérables ? Les af-