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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/35

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SOUVENIRS D’UN PAGE.

fections maternelles ne sont-elles pas mille fois au-dessus des autres sentiments de la nature ? Au reste, il est inutile de justifier cette princesse, aujourd’hui que ses malheurs, son courage et sa mort ont sanctionné la haute opinion qu’en avait la plus saine partie de la nation. Les mémoires de M. de Besenval seraient encore, s’il en était besoin, une nouvelle preuve de la fausseté des torts attribués à la reine. Ce vieux Suisse, qui vivait avec elle dans une grande intimité, a écrit ses souvenirs avec toute la franchise de son pays, et dans la conviction que ses opuscules resteraient dans l’oubli. Il n’aurait pas manqué, dès lors, de rapporter quelques-unes des intrigues de cette princesse. Partout, au contraire, il lui montre le respect le plus profond ; partout il rend justice à son mérite, à sa droiture et à son esprit. Elle en avait, en effet, beaucoup ; et elle donna plusieurs fois de sages conseils au roi, qui la consultait souvent.

C’est à la reine qu’on doit, en France, l’introduction de l’instrument de Franklin connu sous le nom d’harmonica ou glascorde, et dont les sons sont produits par le choc d’une infinité de petits marteaux sur des verres plus ou moins remplis d’eau ; la reine en jouait avec succès, ainsi que de plusieurs autres instruments.

Marie-Antoinette avait sa maison particulière, ses officiers, ses pages, sa livrée qui était rouge et argent ; mais c’était la garde du roi qui l’accompagnait. Elle était logée au premier étage de l’aile du château faisant