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LA FAYETTE.

l’idée qu’il traduisait par cette phrase favorite, qu’ayant fait une révolution en Amérique, il irait en faire une à Rome après avoir achevé celle de France. » Toujours louvoyant dans le danger, pâlissant au moindre obstacle, il n’avait nullement l’énergie nécessaire pour se soutenir ; et tout devait faire prévoir sa chute aussitôt qu’il trouverait quelque opposition.

Les divers partis qui se cachaient les uns derrière les autres, et qui, paraissant toujours d’accord, ne s’accordaient pourtant que sur un point, le renversement du trône, jugèrent sans doute bien M. de La Fayette, et ils le poussèrent au commandement général des gardes parisiennes, le jour de l’insurrection du 14 juillet. Mais, craignant les suites d’un pareil mouvement, il ne voulut se décider qu’après que l’impulsion fut établie, et laissa toute la responsabilité des premiers actes à un imbécile nommé le marquis de la Salle qui, bien vite écrasé sous un tel poids, céda la place aussitôt qu’elle lui fut demandée.

Fort de ce premier succès, La Fayette jeta le masque au 5 octobre. Ni l’espèce de violence qu’il éprouva, ce jour-là, à l’hôtel de ville de Paris, ni son sommeil hypocrite, ne purent le préserver du mépris. Alors, sans frein qui pût l’arrêter, tenant le roi à Paris, il crut pouvoir se passer des autres partis, il se brouilla avec les républicains et avec les orléanistes sur qui il obtint quelque avantage, creusant ainsi le précipice qui devait l’engloutir. Mais n’anticipons point.