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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/36

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LA REINE.

face à l’orangerie. On y entrait par le haut de l’escalier de marbre ; et, après avoir traversé les antichambres, la chambre à coucher, le cabinet, on sortait, au bout de la galerie, par le salon de la Paix, peint par Lebrun, où, trois fois la semaine, la cour se réunissait le soir, pour y jouer, jusqu’à neuf heures, au loto ou à d’autres jeux. Par une petite porte placée à côté du lit de la reine, on pénétrait dans une foule de petits appartements, très-obscurs et simplement décorés ; et par de petits corridors situés à l’entresol, dont plusieurs étaient matelassés, n’y ayant pas de jours, on arrivait dans les appartements du roi et dans des bains de marbre placés au fond de la cour du château, sous la chambre de parade du roi.

Je n’ai jamais vu la reine danser. Seulement, à la fin des bals, les gens qui avaient abandonné la danse se permettaient une colonne anglaise, et la reine s’en mêlait ; mais j’ai entendu dire qu’elle dansait très-bien.

J’ai pu juger par moi-même qu’elle montait à cheval avec autant de grâce que de hardiesse.

Je ne répéterai pas les anecdotes scandaleuses que j’ai entendu débiter sur cette princesse infortunée. Elles seraient vraies, que je n’aurais pas été à même de les vérifier ; mais je crois trop fermement qu’elles sont le fait de la plus vile méchanceté pour en souiller mes mémoires. N’ayant pas été non plus le témoin des trente derniers mois de sa vie, je ne pourrais être que l’écho de bien des historiens, entre autres de Montjoie, qui a écrit une Vie de la reine devenue très-rare.