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DÉPART DU ROI.

longtemps avec le duc d’Orléans, il ne travaillait point pour ce parti. Mais il ignorait que Voidel, président du comité des recherches, dévoué aux orléanistes, avait aussi gagné une femme de la reine, et était également instruit de tout.

Malgré les précautions de M. de La Fayette, sans le peu d’énergie que montra le roi et sans la faute des officiers employés sous M. de Bouillé et celle du général lui-même, qui a cherché à la rejeter sur M. de Choiseul-Stainville, alors colonel du régiment Royal-Dragons, le roi passait, car Baillon n’avait pu, ou n’avait pas cru devoir le faire arrêter à Châlons. Malgré l’arrestation du roi, les projets de La Fayette n’en devaient pas moins être renversés.

Je ne prononcerai pas sur la conduite des officiers de l’armée de M. de Bouillé, d’abord parce que je n’en ai pas été le témoin, ensuite parce que, s’ils ont mal dirigé leurs troupes, c’était faute de connaissances et non par manque de zèle et de courage.

Vers le milieu de juin, le roi, d’accord avec M. de Bouillé, fixa son départ au 19 ; mais il le remit ensuite pour le lendemain, à minuit. Ce premier retard fut déjà une faute, parce qu’il détruisait les plans et les précautions adoptés. Ensuite les petits intérêts particuliers ne voulurent point céder devant l’intérêt le plus majeur. Madame de Tourzel, qui avait la garde du dauphin, refusa d’abandonner son privilége de ne point quitter le royal enfant. M. de Fersen, l’un des directeurs du projet, et qui fournissait les voitures,