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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/369

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SOUVENIRS D’UN PAGE.

n’osait point rester à Paris. La baronne de Korff, dont la reine prenait le nom, devait partir de son côté pour éviter la fureur de la populace. Madame Sullivan, maîtresse du comte Fersen, voulait suivre son amant, sans compter nombre d’autres intérêts ; ce qui rendait une foule de personnes dépositaires de cet important secret.

Madame de Korff, née en Russie, avait obtenu, au bureau des affaires étrangères, par son ambassadeur, M. de Simolin, son passeport pour Francfort. Elle l’avait remis au comte Fersen, qui le donna à la reine. Sous le prétexte que le premier était tombé dans le feu, on engagea M. de Simolin à en obtenir un second de M. de Montmorin. La retraite dans laquelle vivaient madame de Stegleman et sa fille ne pouvait laisser soupçonner qu’elles fussent connues de la reine. D’ailleurs le ministre, qui n’aurait sûrement pas approuvé le dessein du roi, eût été bien éloigné de le trahir ; car si son esprit manquait de justesse, son cœur était droit. C’était aussi au nom de madame de Korff que la voiture avait été commandée. Sa structure seule aurait pu donner du soupçon, car la famille royale ne voulant pas se séparer du roi et madame de Tourzel persistant à vouloir être du voyage, il fallait une voiture très-grande, et l’on y avait ajouté une recherche et des commodités qui devaient la faire remarquer. Elle était couleur puce, avec un grand siége à l’allemande où se placèrent les trois gardes du corps qui devaient accompagner le roi, et que, par une des fata-