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SOUVENIRS D’UN PAGE.

ture de voyage avec MM. de Maldan, de Moustiers et Valory, les trois gardes du corps qui devaient suivre le roi, et mesdames Brunier, première femme de chambre de Madame Royale, et Neuville, de M. le dauphin. Ces deux femmes étaient dans une chaise de poste.

La fatalité, l’imprudence et le peu de précautions se réunirent pour faire échouer ce malheureux voyage. Le roi fut reconnu plusieurs fois, entre autres à Châlons. Mais le maître de poste était un honnête homme ; il se contint. Celui de Sainte-Menehould, le scélérat Drouet, n’eut point les mêmes égards. Mais, ne se sentant pas en force, à cause de la présence d’un piquet du régiment de Royal-Allemand, il envoya son fils, par un chemin de traverse, prévenir à Varennes, où le roi fut arrêté, à onze heures et demie du soir, le mardi 21 juin. C’était le dernier point dangereux. Un peu plus loin se trouvaient les troupes de M. de Bouillé. Ainsi, quelques minutes de plus et un peu de fermeté, et Louis XVI était sauvé.

Le Ciel, dont la justice se révèle toujours tôt ou tard, a déjà puni ces villes malheureuses. En 1792, l’armée du roi de Prusse pénétra dans ces cantons et maltraita extrêmement les habitants. La plupart de ceux qui avaient contribué à retenir le roi furent arrêtés ; mais Drouet n’y était pas. Ce ne fut qu’un an après qu’il fut pris par les Autrichiens dans une sortie de la garnison de Maubeuge, où il était comme député de la Convention. Il fut conduit en Autriche et, après trois années de dure captivité, il revint en France ourdir de