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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/50

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ENFANTS DU ROI.

qu’une fois par décade. Madame lui enjoignit, avec les plus vives instances, de prendre les plus grands éclaircissements sur un sujet qui la touchait uniquement. Mais elle parlait d’une manière si confuse qu’on avait peine à la comprendre. Il a fallu à cette princesse plus d’un mois de lecture à voix haute, et d’une prononciation très-étudiée, pour pouvoir se faire entendre, tant elle avait perdu l’usage de s’exprimer.

Elle était toujours levée avant madame de Chantereine. Son lit était fait, sa chambre balayée et en ordre avant huit heures du matin. On obtint enfin qu’elle se laisserait servir. Elle s’y refusait, disant qu’elle ne voulait pas perdre une habitude qui lui serait peut-être encore nécessaire. Enfin, elle céda.

Madame de Chantereine était chaque jour tourmentée pour chercher des moyens de cacher la vérité à cette malheureuse princesse. Enfin, elle se décida à l’instruire du sort de ses parents. Elle sentait bien que la première personne qui lui parlerait à cœur ouvert sur un sujet si touchant, et qui mêlerait ses larmes à toutes celles qu’elle allait répandre, acquerrait des droits infaillibles sur son cœur. D’ailleurs, Madame allait recevoir les visites de mesdames de Tourzel, sa gouvernante, et de Mackau, sa sous-gouvernante, qui pouvaient refroidir pour elle le jeune cœur de cette intéressante personne, à laquelle elle s’attachait de jour en jour davantage. Elle saisit donc la première occasion qui se présenta, et lorsque, un matin, Madame, comme à l’ordinaire, la questionnait sur le sort