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SOUVENIRS D’UN PAGE.

paraît jalouse de ces messieurs. Elle nous fait souvent des querelles mal à propos ; cependant elle aime beaucoup sa mère, et m’a dit qu’elle n’était partie qu’avec son approbation. Je ne l’aime pas ; elle m’ennuie ; elle est bien amie de M. Benezech ; mais j’espère qu’elle ne me suivra pas à Vienne.

On vient de m’apprendre que ma maison est toute formée, et qu’elle m’attend à Bâle, pour me conduire à Vienne. Jugez, ma chère Rennette : madame de Soucy a amené avec elle son fils et sa femme de chambre ; et on m’a refusé une femme pour me servir. J’ai tâché de démêler l’intrigue qui vous avait empêchée de me suivre. Je crois que cela vient un peu de la part de M. de Mackau qui, lié avec tous ces gens-là, a placé sa sœur. D’un autre côté, on m’a dit que l’empereur avait demandé qu’il ne vînt avec moi aucune des personnes qui avaient été au Temple, et on n’aura pas fait de différence de vous aux autres. Ma Rennette, cela m’afflige bien, car je vous aime bien, et j’ai besoin de donner ma confiance et d’épancher mon cœur dans le sein d’une personne que j’aime, ce qui n’est pas la personne qui me suit, car je ne la connais pas assez pour lui dire tout ce que je sens. Il n’y a que vous, ma bonne Rennette, à qui je puisse me livrer. Je suis bien malheureuse ! il n’était qu’une personne que je voulais avoir, et je ne l’ai pas. Priez bien Dieu pour moi ; je suis dans une position bien désavantageuse et bien embarrassante. On fait courir le bruit qu’on va me marier dans huit jours, certainement à mon amou-