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SOUVENIRS D’UN PAGE.

Enfin, nous arrivâmes à la rue Meslay, où nous trouvâmes la voiture de M. Benezech. J’y montai avec lui et M. Gomin. Nous fîmes plusieurs tours dans les rues ; enfin nous arrivâmes sur les boulevards, en face de l’Opéra. Nous y trouvâmes une voiture de poste avec M. Méchain et madame de Soucy. J’y montai avec M. Gomin, et nous laissâmes M. Benezech. Aux portes de Paris, on nous demanda notre passeport. À Charenton, la première poste, les postillons ne voulurent point d’assignats, et demandèrent de l’argent, menaçant, sans cela, de ne pas nous conduire. M. Méchain leur donna de l’argent. La reste de la nuit se passa très-tranquillement ; les postillons nous conduisirent assez vite. Le lendemain, 19 décembre, nous nous arrêtâmes à Guignes pour déjeuner, l’espace d’une demi-heure. Le même jour, à quatre heures, je fus reconnue à Provins, comme on changeait de chevaux, par un officier de dragons. Arrivée à Nogent-sur-Seine, le dragon proclama que c’était moi. La maîtresse de l’auberge où nous étions descendus pour nous rafraîchir, me reconnut et me traita avec beaucoup de respect. La cour et la rue se remplirent de monde qui voulait me voir avec bonnes intentions. Nous remontâmes en voiture, et le peuple me combla de bénédictions et me souhaita mille félicités. Nous allâmes de là coucher à Gray. La maîtresse de la maison nous dit que le courrier de l’ambassadeur de Venise[1], M. Carletti, l’avait

  1. La princesse se trompe ; il était envoyé du grand-duc de Toscane.