Aller au contenu

Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
43
ENFANTS DU ROI.

avertie que je devais passer avec deux voitures. Nous nous couchâmes à minuit, et nous repartîmes à six heures du matin, le 20 décembre. En passant nous fûmes arrêtés à Troyes par le manquement de chevaux, M. Carletti les ayant tous pris. Nous en eûmes enfin. Nous allâmes très-doucement dans cette journée, n’ayant fait que dix lieues, par l’amabilité du seigneur Carletti. Enfin, le soir, à Vandœuvre, M. Méchain se résolut de passer M. Carletti. Il montra à la municipalité l’ordre du gouvernement qui l’autorisait à prendre des chevaux préférablement à d’autres. M. Carletti fit le diable, mais enfin nous l’emportâmes. Nous partîmes à onze heures du soir, et M. Carletti à une heure du matin. Le vilain homme ! Notre courrier, qui est un excellent homme, ne l’aime pas, et ne l’appelle jamais que le marchand de toiles, parce que sa voiture en est pleine. Ce courrier se nomme Charot ; il s’est donné bien du mal pour notre route, et pour faire marcher les postillons. C’est un bien bon homme. Le lendemain matin nous descendîmes pour déjeuner à Chaumont, où je fus reconnue publiquement par la ville, qui courut en foule pour me voir. M. Méchain fit venir la municipalité, et lui montra son passeport pour sa femme et sa fille ; on ne le crut point. Je remontai en voiture et, pendant ce court trajet au pas, je fus accueillie de mille bénédictions dont je fus bien touchée, et qui partaient du fond des cœurs. Nous allâmes, le soir, coucher à Fay-Billot, faute de chevaux, ce qui nous arrivait souvent. La journée du lendemain se passa tran-