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ENFANTS DU ROI.

sentiments qui nous animent ; mais puisque tous les détails qui tiennent à cet ange consolateur intéressent la religion, l’honneur et la sensibilité de toutes les âmes honnêtes, nous allons recueillir nos souvenirs et nos pensées pour que vous puissiez leur donner quelque ordre. Nous vous prions, mylord et moi, de citer de cette lettre tout ce que vous croirez capable d’inspirer les sentiments que nous éprouvons.

Vous vous rappelez l’événement dirigé par le Ciel qui vint adoucir les larmes que l’héritier de saint Louis, de Louis XII, de Henri IV, répandait sur les malheurs de la France et sur ceux de sa famille. Quelque sérénité ne reparut sur son front qu’au moment où il apprit que Madame se rendait à Vienne. Son cœur soupira plus librement, lorsqu’il la sut dans cet asile ; et, aidé, comme il se plaît à le répéter, d’un ami fidèle qui ne me pardonnerait pas de le nommer, il réunit tous ses soins et ses efforts pour obéir aux vues de la Providence qui lui confiait le soin de veiller au sort de l’auguste et malheureuse fille de Louis XVI.

Le roi ne resta donc pas un seul moment incertain sur le choix de l’époux qu’il désirait voir accepter par Madame. Jamais son cœur paternel et français ne put soutenir l’idée de la voir séparée de la France par une alliance étrangère, quelque nécessaire qu’elle parût être pour lui donner un appui et pour la sauver du dénûment qui la menace encore. Après s’être assuré de l’approbation de Madame, le roi borna tous ses soins à obtenir qu’elle voulût s’unir aux larmes, aux