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ENFANTS DU ROI.

vous là pour voir pleurer votre roi ! Vous auriez senti que celui qui verse de pareilles larmes ne peut être l’ennemi de personne ; vous auriez senti que vos regrets, vos repentirs, votre amour, pouvaient seuls ajouter au bonheur qu’il éprouvait. Le roi, sans proférer une parole, serre Madame contre son sein et lui présente le duc d’Angoulême. Ce jeune prince, retenu par le respect, ne put s’exprimer que par des larmes qu’il laissa tomber sur la main de sa cousine, en la pressant contre ses lèvres.

On se remit en voiture, et bientôt Madame arriva. Aussitôt que le roi vit ceux de ses serviteurs qui volaient au-devant de lui, il s’écria, rayonnant de bonheur « La voilà !… » ; ensuite il la conduisit auprès de la reine. À l’instant, le château retentit de cris de joie ; on se précipitait ; il n’existait plus de consigne ; plus de séparation : il ne semblait plus y avoir qu’un sanctuaire où tous les cœurs allaient se réunir. Les regards avides restaient fixés sur l’appartement de la reine. Ce ne fut qu’après que Madame eut présenté ses hommages à S. M. que, conduite par le roi, elle vint se montrer à nos yeux trop inondés de larmes pour conserver la puissance de distinguer ses traits.

Le premier mouvement du roi, en apercevant la foule de ceux qui l’environnaient, fut de conduire Madame auprès de l’homme inspiré qui a dit à Louis XVI : « Fils de saint Louis, montez au ciel ! » Ce fut à lui, le premier, qu’il présenta Madame. Des larmes coulèrent de tous les yeux ; le silence fut uni-