un bénitier et une place distincte au fond de l’église. Cette commune a neuf familles cagotes non mélangées, et onze mélangées par le mariage d’individus non cagots avec des femmes de cette race. Une remarque assez curieuse faite par un habitant de Came, qui affirme la chose, c’est que toutes les femmes de pur sang, mariées avec des Cagots, sont tombées malades peu de temps après leur union : qu’un certain nombre d’elles sont mortes, et que les survivantes ont acquis une santé des plus robustes. Je laisse à la médecine à tirer de cette observation telle conclusion qu’elle jugera convenable, et je me borne à corroborer la remarque de l’habitant de Came par celle de l’instituteur primaire de Susmion, commune du canton de Navarrenx. Suivant M. Édouard Dachary, on cite des Cagotes qui, en très-peu de temps, ont mis au tombeau jusqu’à trois maris non cagots, jeunes, robustes et de la meilleure constitution. D’un autre côté, ajoute-t-il, il y a des Cagots qui ont fait succomber aussi promptement jusqu’à trois femmes d’une race différente : si l’individu ne succombe pas, il acquiert un plus fort tempérament. Il ne nous reste plus rien à dire sur Came, sinon que l’un des plus grands Agots de cette commune porte le sobriquet de Chrestiaa, qui indique son origine.
À Sames, il a existé autrefois des familles cagotes : la tradition de l’endroit rapporte qu’elles furent obligées de le quitter, parce que tout le monde les repoussait.
Canton d’Espelette. — L’existence d’un certain nombre de Cagots à Espelette, à la fin du XVIe siècle et même à une époque beaucoup plus reculée, nous est attestée par un arrêt du parlement de Bordeaux en date du 11 décembre 1592, sur lequel nous reviendrons dans le chapitre suivant, et par la porte et le bénitier réservés, qui se voient également à Sare. Actuellement, les Cagots d’Espelette vivent mêlés aux
