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Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome I.djvu/23

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république[1]. » Plus loin, le même chirurgien traitant des signes univoques de lepre, déclare que les Cagots ont tous l’haleine puante : « Ceste feteur d’haleine (dit-il) est aussi familière aux Cappots, comme estant la seule des marques qui les rend differens d’avec les sains, laquelle procede de la pituite, qui est abondante en eux, qui se pourrit et s’altere facilement : d’où procede l’haleine puante de ces ladres (improprement) blancs, selon maistre Joubert[2]. »

À peu de temps de là, mais à une grande distance des Pyrénées, un auteur italien parlait ainsi des Cagots, sans doute sur la foi des cosmographes qui l’avaient précédé : « Par tout ce pays, il se trouve une sorte d’hommes appelés Capots, qui ne font d’autre métier que celui de bûcherons et de tonneliers, et qui sont pauvres et misérables. Ces gens-là, évités et fuis par les autres, n’habitent pas dans les villes, mais dans les faubourgs et à part, comme chez nous les Bohémiens et les Juifs. On pense que ce sont des restes des Albigeois[3]. »

Après le livre de Botero, le premier ouvrage qui se trouve sur notre chemin, est la relation de deux Jésuites en mission dans le Béarn. Ils y virent des Cagots, et en parlèrent en ces termes, dans une lettre qu’ils écrivirent au général de leur ordre : « Les Cagots (Cascigotki) du Béarn, restes des anciens Goths, sont séparés, par le quartier qu’ils habitent et par leurs mœurs, de la masse des indigènes, avec lesquels ils n’ont absolument aucun commerce, et qui croiraient se déshonorer en s’alliant par mariage avec eux. Ja-

  1. Examen des Elephantiques ou Lepreux. Recueilli de plusieurs bons et renommez Autheurs, Grecs, Latins, Arabes et François. Par G. des Innocens, Chirurgien, natif et habitant de Tolose. À Lyon, pour Thomas Soubron, m.d.xcv. in-8 ; chap. ii, pag. 17.
  2. Ibidem, chap. xi, pag. 85, 86.
  3. Le Relationi universali di Giovanni Botero Benesc, etc. In Venetia, Appresso Giorgio Angelieri, 1599. in-4 ; parte prima, lib. i, p. 21. Bearnia. Bigorre. Comingia. Foix.