dis ils imposèrent aux Béarnais la plus dure servitude, et ce fut en récompense des longs et courageux efforts qu’elle fit pour la secouer, que la noblesse obtint autrefois la plus grande et la meilleure part des biens du clergé et des moines, laissant seulement aux curés le droit d’en prélever la dîme pour leur subsistance : ce qui fait qu’aujourd’hui encore les hommes nobles se laissent à ce titre donner le nom d’abbés. Le souvenir de la cruelle domination des Goths ne se retrouve pas seulement dans des monuments anciens ; il vit encore dans le cœur des Béarnais, il s’y révèle par un penchant inné à l’indépendance, si bien qu’allant fort au delà d’une juste liberté, ceux d’entre eux qui arrivent au gouvernement de leur pays, sous le prétexte de ne pas laisser perdre leurs droits, attaquent tyranniquement le droit d’autrui[1]. »
L’un de ces jésuites, qui se trouvait en 1619 dans la capitale de l’Aragon, y rencontra un Navarrais, auquel il communiqua son système sur les Cagots, et qui le reproduisit dans un traité imprimé à Saragosse en 1621, et devenu fort rare[2]. L’auteur de ce livre était un ecclésiastique de Saint-Jean-Pied-de-Port. Il expose et prouve de son mieux, dans deux longs chapitres, son opinion sur l’origine des Agotes. Ceux-ci, dit-il, ne descendent point des Albigeois, comme l’a pensé Jean Botero dans sa description du Béarn, mais bien des Goths. Vers l’an 412, une partie de ce dernier peuple se répandit dans l’Aquitaine et la Vasconie, et y exerça tant de cruautés que les premiers habitants du pays se soulevèrent, unirent leurs forces, et, guidés par les nobles,
- ↑ Litteræ Societatis Jesu annorum duorum, m.dc.xiii, et m.dc.xiv, etc, Lugduni, apud Claudium Cayne, m.dc.xix. in-8. ; pag. 518, 519.
- ↑ Drecho de Naturalisa que los Naturales de la Merindad de San Juan del Pie del Puerto tienen en las Reynos de la Corona de Castilla… Por Don Martin de Vizcay Presbytero. En Çaragoça : Por Juan de Lanaja y Quartanet. Año 1621. in-4 ; fol. 123-146.