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Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome I.djvu/50

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par manière au moins, le premier des Cagots Béamois, je me nommerois Dufr**, et serois aujourd’hui le Directeur du Trésor royal du premier Empire de l’Europe[1]. »

À la même époque où Ramond visitait les Pyrénées, un autre voyageur, que nous croyons s’appeler Picquet[2], parcourait également ces montagnes. Il y vit des crétins, et en parla dans sa relation, dont la première édition parut au mois de janvier 1789, et la seconde 39 ans plus tard[3]. Tombant dans une erreur qui n’a été que trop répandue depuis, il confond ces malheureux avec les Cagots qu’il dit être « une descendance de ces Alains, Scythes d’origine, dont une partie paraît s’être fixée au pied des Pyrénées et dans le Valais, pour en garder les passages. » Un peu plus loin, il fait le tableau de la misérable condition à laquelle la haine populaire, secondée par la législature du pays, avait condamné ces « crétins, connus sous le nom de Gots, Cagots (chiens de Gots), Capots ; » mais il ne nous apprend rien que nous ne sachions déjà. Enfin, revenant sur l’origine des infortunés dont il est question, il dit qu’ils descendent de « ces malheureux Gots, réfugiés dans les gorges

  1. Pag. 385, 386.
  2. M. Quérard, dans sa France littéraire, tom. vii, p. 146, col. 2, indique sous ce nom, probablement d’après Barbier (Dictionnaire des anonymes et pseudonymes, tom. iii, p. 443, no 19269), l’ouvrage suivant : « Voyage dans les Pyrénées françaises, dirigé principalement vers le Bigorre et les Vallées ; suivi de quelques vérités nouvelles et importantes sur les eaux de Barèges et de Bagnères. Paris, 1789, in-8. » Or l’auteur du livre dont le titre va suivre, y dit, p. iij de l’avertissement, que le Voyage aux Pyrénées françaises fut publié, pour la première fois, en 1789 ; mais, plus loin, p. 225, en note, il cite Picqué.
  3. Voyage aux Pyrénées françaises et espagnoles, dirigé principalement vers les vallées du Bigorre et d’Aragon ; suivi de quelques vérités sur les eaux minérales qu’elles renferment, et les moyens de perfectionner l’économie pastorale. Par J. P. P***. Seconde édition, entièrement refondue et augmentée. Paris, E. Babeuf, 1828, in-8. Les passages que nous citons se trouvent pag. 133, 136 et 137. Il existe une troisième édition de ce livre. Paris, librairie universelle de P. Mongie aîné, 1829, in-8, On peut y recourir aux mêmes pages que dans la précédente.